Michel Ongoundou Loundah, président du parti REAGIR Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Le procès dit des « Bongo-Valentin », qui s’est tenu du 10 au 18 novembre devant la Cour criminelle spéciale de Libreville, continue de susciter de vives réactions.
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Dans une tribune publiée ce jeudi sur Gabonews, Michel Ongoundou Loundah, président du parti d’opposition REAGIR, critique une procédure qu’il juge incomplète et symbolique.
Pour l’opposant, dépourvu des principaux accusés et de témoins clés, ce procès ne peut être considéré comme un véritable exercice judiciaire. « Tant que les institutions impliquées ne seront pas interrogées et que les responsabilités systémiques ne seront pas mises en lumière, la procédure actuelle ne peut être qualifiée de véritable procès » , affirme-t-il. Selon lui, il s’agirait plutôt « d’un exercice d’équilibrisme institutionnel » destiné à donner l’illusion d’une justice en mouvement.
Michel Ongoundou Loundah attire particulièrement l’attention sur le rôle de la BGFI Bank, acteur central dans la circulation des fonds publics au cœur du scandale. Il déplore que les responsabilités bancaires restent étonnamment absentes du débat, alors que ces flux financiers ne pouvaient transiter sans le système bancaire.
L’opposant pointe également la situation singulière d’Henri-Claude Oyima, PDG de la BGFI Bank et, simultanément, ministre de l’Économie. Une double fonction jugée incompatible par la BEAC et qui suscite des interrogations au sein de la CEMAC, où certains responsables, dont le ministre tchadien des Finances Tahir Hamid Nguilin, ont exprimé leur étonnement.
Sur le plan macroéconomique, Ongoundou Loundah rappelle que les finances publiques du Gabon inquiètent jusqu’au FMI, avec un endettement proche de 80 % du PIB et un déficit de change jugé préoccupant pour la sous-région. Il note également l’absence remarquée d’Henri-Claude Oyima lors des assemblées annuelles du Fonds à Washington, un signal qui n’est pas passé inaperçu.
L’opposant soulève enfin le cas de Franck Yann Koubdjé, ancien cadre de la BGFI et ex-Trésorier Payeur Général, dont la signature figure dans de nombreuses opérations ayant permis la sortie récurrente de fonds publics. « Pourtant, il n’a pas été appelé à témoigner, une omission incompréhensible » , déplore-t-il.
Pour Michel Ongoundou Loundah, le constat est sans appel : tant que les institutions impliquées ne seront pas interrogées et que les responsabilités systémiques ne seront pas mises en lumière, ce procès restera « une répétition générale » , voire « une mascarade » qui occulte les véritables enjeux.
