Les membres de la CNR et les présidents des partis aliés au cours de la conférence de presse Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Le débat autour de la taxe d’habitation est loin d’être terminé, malgré son adoption par les députés.
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Pour preuve, la rencontre initiée ce mardi 16 décembre à la Chambre de commerce de Libreville par la Coalition pour la Nouvelle République (CNR), à laquelle ont pris part plusieurs leaders des partis politiques.
Étaient notamment présents, Alain-Claude Billie bi Nze, président d’Ensemble pour le Gabon, le président du parti REAGIR Michel Ongoundou Loundah, ainsi que les dirigeants de l’URDP, du PGP, du CDJ et du PSE.
Dans une intervention circonstanciée, le président de la CNR, le Pr Vincent Moulengui Boukossou, est longuement revenu sur la question de la taxe d’habitation, qui continue de susciter une vive polémique au Gabon malgré son adoption.
« La promesse de rendre la dignité aux Gabonais s’éloigne de plus en plus de son effectivité. La précipitation avec laquelle certaines décisions sont prises conduit à des absurdités qui interrogent la vision et la cohérence actuelle des dirigeants de notre pays » , a-t-il déclaré dès l’entame de son propos.
Le président de la CNR a également tenu à rappeler la distinction fondamentale entre un impôt et une taxe.
« Il faut que le Gabonais sache que, dans des gouvernances plus sérieuses, il existe une différence claire entre un impôt et une taxe », a-t-il précisé.
Prenant l’exemple de la France, souvent citée par le Président de la République, le Pr Moulengui Boukossou a indiqué que la taxe d’habitation y est désormais réservée aux propriétaires disposant de plusieurs logements, donc essentiellement aux ménages aisés.
« Or, au Gabon, le gouvernement nous enseigne que la taxe d’habitation servira au développement du pays, sans indiquer de manière claire et précise les services spécifiques qu’elle est censée financer » , a-t-il déploré.
Avant toute imposition, le gouvernement devrait, selon lui, rendre compte de l’utilisation des 7 milliards de francs CFA octroyés par province, soit un total de 63 milliards de francs CFA pour les neuf provinces, bien au-delà des 2 milliards que pourrait rapporter la taxe d’habitation.
Il a également dénoncé le mode opératoire de cette taxe, notamment la taxation par zone, qualifiée d ’« absurdité dans un pays qui ne pratique pas la ségrégation dans l’occupation du sol » .
À titre d’illustration, il a évoqué plusieurs cas : « Un ancien Premier ministre paiera 1 000 francs CFA à Bikélé, tandis qu’un veilleur de nuit occupant un studio paiera 20 000 francs CFA à Akanda. Un enseignant paiera 30 000 francs CFA à Batterie 4, pendant qu’un Vice-président du gouvernement paiera 1 000 francs CFA à Ozangué ».
Réagissant aux propos du ministre de l’Économie et des Finances, qui soutient que la taxe figure dans la loi de finances depuis 2022, le président de la CNR a rappelé qu’elle n’a jamais été appliquée, faute de prérequis et d’outils adéquats.
Il a par ailleurs souligné que la SEEG n’était pas censée être impliquée dans le recouvrement de cette taxe, le contrat liant l’entreprise à ses clients ne devant souffrir d’aucune interférence extérieure. Selon lui, toute attribution indue de prérogatives politiques à la SEEG pourrait exposer cette dernière à des poursuites judiciaires de la part de ses abonnés.
De son côté, Michel Ongoundou Loundah, président de REAGIR, a vivement critiqué la légitimité du vote de cette taxe.
« Il y a beaucoup de bricolage dans nos institutions. Le Gabon est en train de se singulariser : nous avons un Parlement composé de députés élus et de sénateurs de la transition, donc nommés. Nous n’avons pas la même légitimité, mais nous votons pourtant les mêmes lois. Le pays traverse une phase très délicate et, malheureusement, nous en paierons le prix. Le vote de la taxe d’habitation à l’Assemblée est nul et de nul effet », a conclu le Président de REAGIR.


